Earth-Works
Le programme Earth-Works a été conçu pour aider à réduire la quantité de déchets organiques acheminés aux sites d'enfouissement à Port Colborne. Ce programme de promotion exhaustif intégrant des visites à domicile et la distribution de composteurs gratuits, encourageait les résidants à composter leurs déchets organiques dans leur propre cour.
Historique
En 1996, la ville de Port Colborne, en Ontario, comptait 20 000 habitants. Environ un quart de ces résidants habitaient des régions rurales aux abords de la municipalité. Au printemps de 1993, la ville a mis sur pied le programme Earth-Works en vue de réduire la collecte des ordures et les frais de décharge.
Établir les objectifs
Les responsables avaient pour objectif de réduire de 100 pour cent la quantité de déchets organiques acheminés aux sites d'enfouissement, et de moitié la quantité globale de déchets expédiés aux sites d'enfouissement, en partant de la ligne zéro de 1989. La cible globale de détournement de 50 pour cent avait été fixée par le ministère de l'Environnement et de l'Énergie de l'Ontario.
Mettre en oeuvre le programme
Les responsables ont mené un projet pilote à Pickering et à Newcastle. Ce projet visait à établir le taux de participation au compostage qu'ils pouvaient espérer atteindre en fournissant des composteurs gratuits à la population. Des composteurs ont été distribués à quelque 300 foyers, sans que les responsables mettent sur pied de grandes campagnes de promotion ou programmes d'éducation. Il revenait aux personnes qui assuraient la livraison des composteurs d'expliquer aux gens comment s'en servir. Dix-sept pour cent des déchets organiques générés par les foyers participants ont été détournés.
Visites à domicile
Au printemps et à l'été de 1996, les responsables de Earth-Works ont demandé à deux membres du personnel de mener une campagne de porte à porte (Visites à domicile). Ces équipes de distribution étaient chargées de sensibiliser les gens au programme et de leur offrir un composteur gratuit. Si les personnes acceptaient le don du composteur, les membres de l'équipe l'assemblaient et l'installaient (Surmonter des obstacles spécifiques). Ils expliquaient ensuite aux résidants comment composter et leur remettaient des dépliants avec des directives précises.
Si les résidants n'étaient pas à la maison au moment de la visite, les responsables leur faisaient part du programme par téléphone et leur indiquaient quand l'équipe de distribution serait à nouveau dans leur quartier. Si les personnes étaient encore absentes, les membres de l'équipe accrochaient un avis à leur poignée de porte indiquant qu'ils pouvaient obtenir un compos teur gratuit au Farmers Market. De plus, les responsables faisaient paraître des annonces dans les journaux indiquant aux gens quoi faire pour se faire livrer un composteur gratuit à la maison.
« Les docteurs du compostage »
Grâce à une ligne téléphonique directe pour le compostage, les résidants pouvaient obtenir de l'aide et des renseignements au besoin. Deux « docteurs du compostage » étaient chargés de répondre aux appels et de coor donner les activités de promotion et les stands de démonstration lors d'événements spéciaux. Ils faisaient également un suivi à domicile deux semaines environ après la remise du composteur gratuit. Ils en profitaient pour répondre aux questions, pour régler des problèmes et pour déterminer si le composteur fonctionnait bien.
Au fur et à mesure que les « docteurs du compostage » effectuaient leurs visites à domicile, ils en profitaient pour demander aux gens qui compostaient bien s'ils étaient prêts à venir en aide à des voisins qui réussis saient moins qu'eux (Animateurs de quartier/meneurs populaires). Puisque peu de gens semblaient intéressés à assumer cette fonction, toutes les tentatives pour établir un réseau de quartier ont été abandonnées.
Les « docteurs du compostage » agissaient aussi comme des agents de liaison entre les voisins. Ils indiquaient, par exemple, comment certains s'y étaient pris pour résoudre tel ou tel problème de compostage, encourageaient les échanges entre voisins et tentaient de rendre la participation des autres plus visible (Attrait des normes).
Programmes et camps scolaires
Les « docteurs du compostage » ont visité 35 classes dans 12 écoles en vue de promouvoir le programme et de montrer aux élèves comment composter. Ils ont mis au point une petite saynète interactive pour expliquer aux jeunes quels types de déchets étaient compostables et recyclables. Dans plusieurs écoles, les enfants faisaient des dessins inspirés des saynètes. Par la suite, on affichait ces dessins de façon à promouvoir davantage le programme. La rétroaction provenant de la collectivité a confirmé que les visites scolaires avaient eu un grand impact. Au retour de l'école, c'est avec beaucoup d'enthousiasme que les enfants faisaient part de leur expérience aux parents. En outre, les jeunes abordaient avec joie les « docteurs du compostage » lorsque ces derniers se promenaient dans les rues de Port Colborne. Au cours des visites de suivi, plusieurs parents ont indiqué que leurs enfants participaient activement aux activités de recyclage suivant la présentation de la saynète à l'école.
Pendant l'été, les « docteurs du compostage » se sont également rendus dans un camp de jour oû ils ont organisé une chasse au trésor à l'intention des jeunes. Il s'agissait de trouver différents types de déchets, de les trier et de les empiler en regroupant les produits compostables, recyclables et autres.
Surmonter des obstacles spécifiques
Les responsables du projet ont dû rassurer les gens qui craignaient qu'un composteur attire les insectes et rongeurs, et leur expliquer que s'ils compostaient bien, le contraire se produirait. Ils répondaient aux personnes qui craignaient que le compostage représente trop de travail, qu'il fallait com mencer en douce, peut-être avec les détritus de jardin. Ils précisaient aussi qu'il était possible de composter le gazon coupé en laissant les brins sur la pelouse, s'évitant ainsi de passer le râteau (Surmonter des obstacles spécifiques).
Le compostage en appartement
Le programme de compostage s'adressait également aux personnes vivant en appartement. En septembre 1993, les responsables expédiaient aux propriétaires d'immeubles des lettres expliquant le fonctionnement de Earth-Works. Ils faisaient ensuite un suivi téléphonique pour leur demander la permission de communiquer directement avec les locataires et les concierges des édifices. Ils visitaient chaque édifice pour voir s'il y avait assez d'espace pour installer un composteur de grosseur moyenne. Dans l'affirmative, ils communiquaient avec le concierge pour lui expliquer le programme. Après avoir obtenu la permission d'installer le composteur, ils invitaient les locataires à une séance d'information oû ces derniers apprenaient à utiliser le composteur et obtenaient le numéro de la ligne téléphonique spéciale.
Interdit sur les déchets de cour et utilisateur-payeur
À compter d'octobre 1994, la Ville a interdit l'acheminement des détritus de cour et des feuilles aux sites d'enfouissement. Les déchets contenant 5 pour cent ou plus de détritus de cour n'étaient pas collectés ou acceptés dans ces sites. Les résidants avaient la permission de déposer leurs déchets dans un centre de compostage ou de les emmagasiner en attendant les deux semaines de collecte spéciales prévues. Les responsables offraient également un programme de collecte des arbres de Noël. Tous les déchets compostés au centre étaient transformés en fertilisant organique offert gratuitement aux résidants qui voulaient fertiliser leur jardin.
Un système d'utilisateur-payeur applicable aux déchets résidentiels a été établi en même temps. Les maisons unifamiliales avaient droit à quatre sacs par collecte, les maisons de deux à cinunités avaient droit à trois sacs par unité et les maisons de six unités ou plus avaient droit à deux sacs par unité. En vue d'inciter les gens à respecter ces limites, les éboueurs refusaient de prendre tout sac additionnel qui n'affichait pas une étiquette spéciale. Cette étiquette se vendait au coût de 1 $ l'unité (Mesures financières incitatives et dissuasives).
Autres types de promotion
La stratégie de communications et d'éducation populaire du programme intégrait les éléments suivants:
- l'adoption d'un logo et d'une mascotte uniques qui facilitaient l'identification communautaire et rendaient les divers produits du programme plus reconnaissables;
- la tenue d'une conférence de presse lors de l'inauguration du nouveau centre de compostage en 1994;
- la diffusion de messages à la collectivité grâce aux journaux, à la radio, aux postes de télévision par câble et à l'affichage, dont plusieurs ayant un contenu humoristique;
- des étalages installés les jours de marché, dans les centres commerciaux et à l'occasion d'événements publics;
- des trousses offertes aux nouveaux résidants par les groupes d'accueil, y compris des renseignements sur la façon d'obtenir un composteur gratuit;
- des affiches et des bannières installées dans les supermarchés pour rappeler aux clients que les déchets végétaux constituent un excellent compost; on remettait aussi aux commerçants participants des collants à afficher sur leur porte qui indiquaient qu'ils compostaient activement, qui encourageaient les clients à composter aussi et qui renforçaient l'idée du compostage en tant qu'activité communautaire (Attrait des normes).
Les responsables remettaient également des petites cartes aux fleuristes, leur demandant de les joindre aux bouquets pour rappeler aux gens que les fleurs étaient compostables. Les Scouts distribuaient des brochures sur le compostage, les Guides obtenaient des badges environnementales pour avoir composté et des annonces étaient placées dans les bulletins paroissiaux. De toute évidence, cette campagne publicitaire ne laissait personne au rancart!
Obtenir le financement pour le programme
Le coût de lancement total du programme, en 1993, s'élevait à 269 500 $. Ce montant était réparti comme suit :
Achat des composteurs |
174 400 $ |
Distribution des composteurs |
32 700 $ |
Rabais pour les composteurs déjà en usage |
4 500 $ |
Promotion liée au lancement |
39 000 $ |
Administration liée au lancement |
18 900 $ |
Total |
269 500 $ |
En 1994, en 1995 et en 1996, les coûts de fonctionnement courants s'élevaient à 23 000 $ par année.
Promotion |
6 000 $ |
Administration |
10 000 $ |
« Docteurs du compostage » |
7 000 $ |
Total |
23 000 $ |
Les coûts de fonctionnement annuels prévus au cours des années subséquentes s'avéraient moins élevés en raison d'une réduction des coûts au niveau des salaires et de l'administration.
Le ministère de l'Environnement et de l'Énergie de l'Ontario assurait cinquante pour cent du financement et la ville de Port Colborne, 45 pour cent du financement.
Mesurer les Résultats
Les responsables du programme ont établi une base de données pour tenir compte des activités de compostage de chaque foyer, à savoir si le résidant avait accepté un composteur gratuit ou un rabais; le type de composteur de maison utilisé; et quand et comment le résidant avait obtenu son composteur. Ces données étaient recueillies à tous les points de contact, y compris les visites à domicile, la ligne d'information téléphonique et le Farmers Market.
Diverses études de six semaines portant sur la composition des déchets résidentiels ont été menées, soit en septembre 1994, à l'été 1995 et à l'au tomne 1995. Les responsables ont recueilli les sacs à déchets de 43 foyers unifamiliaux et les ont transportés à un centre d'entreposage oû ces déchets ont été triés et mesurés. Ils ont ensuite calculé le taux de détournement par foyer et fait des extrapolations pour trouver les chiffres applicables à l'ensemble de Port Colborne.
Réaction
En vue de remercier les résidants de Port Colborne de leur participation, les responsables du programme publiaient un message d'appréciation d'une demi-page dans les journaux. Ils leur indiquaient aussi périodiquement la quantité de déchets organiques qui avaient été détournés des sites d'enfouissement en raison de leur coopération.
Résultats
Les organisateurs estiment que le programme de compostage des détritus de cour a permis de détourner des sites d'enfouissement 800 tonnes de déchets organiques. Il a aussi permis à la ville de Port Colborne d'économiser 100 $ la tonne, ou 80 000 $ par année, en frais de collecte et de décharge. Ceci représente un retour sur l'investissement de 21 pour cent environ échelonné sur dix ans, avec une période de remboursement de quatre ans environ.
Le taux de détournement pour les détritus de cuisine et de cour s'établit ainsi :
|
Automne 1994
(%) |
Été 1994
(%) |
Automne 1995
(%) |
Détritus de cuisine |
35 |
55 |
42 |
Détritus de cour |
- |
74 |
86 |
Les résultats des évaluations portant sur l'utilisation des composteurs étaient les suivants :
|
1993
(%) |
1994
(%) |
1995
(%) |
Pas en usage |
29 |
21 |
23 |
Faible |
7 |
26 |
14 |
Moyenne |
45 |
40 |
51 |
Excellente |
9 |
13 |
12 |
En 1995, 80 pour cent de tous les foyers unifamiliaux possédaient un com posteur dans la cour, soit 5 700 composteurs en tout.
Contacter
Cheryl Nash
Compost Management
83, rue Gore est
Perth (Ontario)
K7H 1J1
(613) 267-1128
télécopieur : (613) 267-6696
courrier électronique : reic@perth.igs.net